Thomas Jallaud nous explique ce qui caractérise les établissements hors contrat, également qualifiées d’écoles indépendantes.

Tout sur les écoles "hors contrat"

Les écoles hors contrat font régulièrement parler d’elles, tout particulièrement en fin d’année scolaire, quand s’épuisent les solutions auprès des écoles  publiques ou privées sous contrat. Beaucoup de parents s’interrogent alors sur la nature de ces établissements, leurs résultats, leur sérieux, les risques encourus, etc. Thomas Jallaud nous explique ce qui caractérise ces écoles qualifiées aussi d’écoles indépendantes.

Qu’est-ce qu’une école hors contrat ?

TJ : Ce qui caractérise l’ensemble des écoles hors contrat est leur liberté pédagogique. Par définition, ce sont des entreprises privées (ou associations loi 1901) totalement indépendantes de l’Éducation nationale et donc libres d’appliquer le projet pédagogique qu’elles souhaitent prodiguer. Elles procèdent elles-mêmes au recrutement de leurs enseignants, et les rémunèrent directement, tandis que les écoles privées sous contrat voient  leurs enseignants  payés par l’Éducation nationale.  Dans la réalité des faits les écoles hors contrat, dans leur majorité, appliquent les programmes officiels. 

Quel est leur poids dans le paysage éducatif en France ?

TJ : Les écoles hors contrat, du primaire au supérieur, sans compter les cours de soutien et à distance, représentent  aujourd’hui un peu plus de 2000 établissements.  Le supérieur se taille la part du lion avec environ 1500 établissements, le solde se partageant entre le primaire (180 écoles) et le secondaire (190 écoles). On remarque depuis un peu plus de 5 ans un certain nombre de créations d’établissements hors contrat, en particulier sous l’impulsion de la Fondation pour l’école, créée en 2008.

N’y a-t-il pas un risque en terme d’intégration ou d’employabilité ? N’est-ce pas un risque de marginalisation ?

TJ : Dans le supérieur un certain nombre d’établissements obtiennent différentes formes d’homologations qui les crédibilisent aux yeux de leur clientèle et leur permettent de se démarquer de la rude concurrence existant sur ce segment de marché. Dans le secondaire, la plupart des établissements préparent au baccalauréat, ce qui rend nécessaire un respect très strict du programme, tandis que dans le primaire, là où dominent les écoles à pédagogie différente, on se doit de préparer les élèves à être en mesure de poursuivre leur scolarité en collège dans un établissement public ou sous contrat. Il faut abattre l’idée reçue selon laquelle quand on est dans une école hors contrat en primaire et secondaire on est condamné à y rester jusqu’à la fin de sa scolarité. Les rectorats organisent au mois d’avril de chaque année un examen de retour vers la sphère de l’Éducation nationale, se présentant sous la forme de 3 épreuves à passer (Mathématiques, Français et Anglais), pour lesquelles  l’élève doit obtenir la moyenne. Si on a choisi une école hors contrat de qualité et appropriée, le succès à cet examen ne pose pas problème.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets illustrant les principes fondateurs d’un établissement hors contrat ?

TJ : Ce qui va faire la différence, dans le primaire et le secondaire, ce sont les méthodes pédagogiques utilisées (Montessori, Steiner, Faure etc.), les projets pédagogiques développés qui sont fortement marqués par la personnalité du fondateur de l’école (souvent une personne charismatique), voire la dimension idéologique et/ou confessionnelle qui préside à ces projets, comme un certain nombre d’écoles traditionalistes. Dans le supérieur, c’est la combinaison de personnalités fortes fondatrices de ces écoles, combinées avec des équipes aux performances très pointues (professeurs parmi les meilleurs, organisation rigoureuse des études, réseaux internationaux).  C’est dire l’immense diversité qui existe parmi  ces écoles, lesquelles ne répondent pas aux mêmes besoins.

Quel message souhaitez-vous adresser aux parents intéressés par ce type d’établissements ?

TJ : Choisir une école supérieure hors contrat, c’est décider un investissement pour des études aussi performantes que possible. C’est sur ce secteur que se porte aujourd’hui la plus grande partie du marché hors contrat ; avec des établissements aux dimensions très variables pouvant aller de 100 étudiants pour les plus modestes, à plus de 2000 étudiants pour les plus imposantes. C’est dire l’importance des chiffres d’affaires brassés. A tel point qu’en l’espace de 10 ans on a assisté à de nombreuses rachats et regroupements d’écoles par des fonds d’investissement, y compris étrangers. La concurrence internationale aiguise les besoins en financements pour être situé à la meilleure place possible dans les classements internationaux paraissant chaque année.

Choisir  une école primaire hors contrat relève d’une toute autre démarche. Dans la majorité des cas on souhaite pour son enfant un établissement à pédagogie dite différente, et/ou bilingue, et/ou à enseignement adapté. Il s’agit donc véritablement d’un choix éducatif, pour lequel on consent de payer des frais de scolarité importants. Dans certains cas il peut s’agir d’une nécessité, par exemple pour un enfant présentant des troubles d’apprentissage rendant impossible la poursuite d’une scolarité normale dans une école classique.

Enfin, choisir une école secondaire hors contrat, essentiellement des lycées, relève souvent de l’ultime solution pour échapper à une réorientation professionnelle, un redoublement non souhaité, remédier à un manque d’engagement dans le travail scolaire compromettant les chances de réussite au bac.

Une école hors contrat représente quel investissement financier ?

TJ : Quand il s’agit d’une structure commerciale, dans le primaire les frais s’élèvent en moyenne à  5000/6000 euros/an, dans le secondaire à 7000/8000 euros/an, tandis que dans le supérieur la fourchette moyenne va de 6500 à 10 0000 euros/an. Certains établissements, tous niveaux confondus, peuvent atteindre 30 000 euros/an, mais à l’opposé, un certain nombre d’écoles primaires et secondaires dont le modèle économique repose en partie sur le bénévolat, ont des coûts de scolarité bas qui peuvent aller de 800 à 2500 euros/an. Ces écoles ont souvent été créées par des parents déçus par les écoles relevant de l’Éducation nationale, et un fort engagement de leur part les unit autour du projet pédagogique avec un nombre restreint d’élèves tournant en moyenne à 40/60 élèves.

Cette riche diversité offre de multiples possibilités pour des parents et jeunes à la recherche de  solutions. Comme sur tout secteur d’activités, le pire et le meilleur peuvent se côtoyer. Il est donc  important de longuement se renseigner, de visiter les écoles, de ne pas se fier uniquement aux résultats obtenus (dont le décryptage est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît), et mieux, de se faire conseiller par des spécialistes qui connaissent ces écoles dans la durée, qui sont en contact avec leurs dirigeants, qui collectent des informations auprès de parents/jeunes ayant eu recours à elles. Bref, « Ne choisissez pas votre école au hasard », une mauvaise décision peut coûter très cher !

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Thomas Jallaud nous parle de son métier d'éditeur chez FABERT

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