Avril 2010 - La compassion permanente - Les billets de Thierry Fourcart

 La compassion est devenue une valeur fondamentale de notre société . On envisage même parfois d’aider les individus malgré eux. Beaucoup de jeunes sont toujours à la recherche d’une excuse, d’une aide, et beaucoup d’adultes, pleins de sollicitude, répondent à cette demande en supprimant les frustrations . L’orthographe n’est plus du tout maîtrisée ? On simplifie autant qu’il faut. Les élèves ont trop de travail ? On limite les programmes. Une heure de cours, c'est trop long ? On réduit à trois quarts d'heure. Les jeunes s’ennuient ? L’école et la famille sont chargées de les distraire. Dans le même temps, on incite les jeunes à aider les autres ; c’est bien, mais le devoir des uns devient peu à peu une exigence des autres. Il faudrait d’abord s’aider soi-même, parce que la meilleure façon d’aider les autres, c’est de ne pas avoir besoin d’eux. Et pour cela, il faut bien faire face soi-même à la difficulté et à la frustration. Comme ce sont elles que l’on supprime, on ne doit pas s’étonner des conséquences : refus de l’effort, exigence d’une assistance permanente, refuge dans une solidarité fusionnelle et parfois fuite dans des paradis artificiels.