Décembre 2009 - Nul n'entre ici s'il n'est géomètre - Les billets de Thierry Fourcart
Publiée le 01 janvier 2010 dans la catégorie Archives
La sélection par les mathématiques ne date pas d’aujourd’hui (1) ! Platon les considérait non « comme des techniques permettant de réussir plus efficacement ces opérations empiriques que sont les calculs du commerçant ou les mesures de l’arpenteur » mais « comme des spéculations intellectuelles trouvant dans leur propre exercice leur légitime achèvement » et apprenant « à ne point se satisfaire des approximations de la perception, à vouloir une mise en ordre qui fasse se correspondre le contenu de l’expérience et l’expression langagière » (2). On ne saurait mieux définir l’objectif des mathématiques modernes enseignées à partir de 1960. Leur disparition en 1985 caractérise l’évolution du système éducatif provoquée par la démocratisation : on a voulu faciliter l’accès de tous au monde intelligible, abstrait, alors que les élèves et leurs parents préfèrent une formation professionnelle, dans le monde sensible, concret. Pour Platon, la fin de la sélection, c’est celle de l’enseignement classique, et le procès de Socrate, c’est la conséquence de la démocratisation ratée.
(1) Selon la légende, Platon avait fait placer cette phrase à l’entrée de l’Académie à Athènes.
(2) Châtelet F., Platon, Folio Gallimard, 1965, p. 155 et suivantes.
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