La chronique d'Yveline Jaboin : Déc 2006 - Le Haut Conseil de l'Education et la formation des enseignants
Publiée le 01 décembre 2006 dans la catégorie Archives
S’inspirant des orientations pour « la formation à l’enseignement » élaborées en 2001 par le ministère de l’éducation du Québec, le Haut Conseil de l’Education (HCE) a remis le 31 octobre 2006 ses « recommandations » sur la formation des enseignants à Gilles de Robien, ministre de l’éducation nationale. Il définit le métier d’enseignant en termes de compétences, demande une professionnalisation de la formation et son allongement.
Selon le HCE, "Enseigner est un métier : de bonnes connaissances disciplinaires ne suffisent pas à faire un bon enseignant". En conséquence, les savoirs disciplinaires constitutifs du contenu des épreuves actuelles des concours du secondaire ne seraient donc plus qu’un des éléments de la culture professionnelle à acquérir. Le HCE définit alors dix compétences à maîtriser : la compétence disciplinaire, la maîtrise de la langue française, la capacité à concevoir son enseignement, à prendre en compte la diversité des élèves, à gérer une classe, à évaluer les élèves, à travailler en équipe et à coopérer avec les partenaires de l'Ecole, à innover, à agir de façon éthique et enfin à utiliser les TICE.
L’approche envisagée semble consacrer les savoirs professionnels et la recherche en éducation et préconise d’associer formation universitaire et formation sur le terrain, donc une formation par alternance, dont la dimension pédagogique « ne doit pas être dispensée par disciplines, mais d’abord en fonction des thématiques en jeu dans les situations professionnelles rencontrées par les professeurs, à partir d’études de cas : la personne de l’élève, le groupe-classe, l’apprentissage (processus, motivation, difficultés…), l’évaluation, la gestion des conflits, la lutte contre la violence, les relations avec les parents, la personne de l’enseignant, l’orientation, la diversité culturelle et le fait religieux, etc. ».
La mise en œuvre de cette conception nécessiterait un allongement de la formation qui débuterait avant l'entrée en IUFM. Ainsi, dès la licence, les étudiants pourraient suivre des "stages d'observation" dans différentes catégories d'établissement et seraient formés à la pluridisciplinarité. Le concours en fin de première année deviendrait purement disciplinaire. La deuxième année de formation serait prolongée de plusieurs semaines et centrée sur "le cœur du métier". Elle aurait lieu dans l'académie d'accueil du stagiaire. En fin de seconde année, la titularisation garantirait l'acquisition des compétences "sans exception et sans compensation entre elles". Elle serait intégrée dans le système LMD et validée par des crédits ECTS de Master dans le domaine de l'enseignement. La formation se prolongerait au cours des deux premières années d'exercice pendant lesquelles l'enseignant suivrait des stages de connaissance du système éducatif, de découverte des partenaires de l'Ecole et de prise en charge du handicap.
C'est donc à une mutation profonde du métier et de ses conditions d'exercice qu'appelle le HCE*. Pour le moment, le ministre se déclare favorable à une formation par alternance pour s’adapter aux publics scolaires diversifiés mais il ne s’est pas encore prononcé sur la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations du HCE.
* Pour de plus amples informations, le site du Café pédagogique a mis en ligne un dossier sur la formation des enseignants : http://www.cafepedagogique.net
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