La chronique d'Yveline Jaboin : Février 2009 - Une baisse spectaculaire des postes dans le premier degré

Le site ministériel vient de publier le nombre de postes proposés aux différents concours d’enseignement en 2009. Ainsi, 6 577 postes sont mis au concours externe du CRPE (Concours de Recrutement des Professeurs des Ecoles). C’est nettement moins qu’en 2008 où 9 331 postes avaient été proposés au concours externe. La volonté gouvernementale de réduire le nombre d’enseignants dans le premier degré semble en décalage avec une démographie scolaire en augmentation dans ce segment scolaire et interroge au moment où des chercheurs mettent en évidence la baisse des performances en lecture, orthographe et calcul des élèves de CM2.

Ainsi, les écoles des secteurs public et privé du premier degré (en France métropolitaine et dans les DOM) scolarisent environ 6 645 100 élèves en 2007-2008 (1).  Globalement, enseignements préélémentaire et élémentaire confondus, les effectifs d’élèves ont chuté de 1980 à 2002 dans ce segment du système scolaire : ils sont passés de 7 396 300 élèves en 1980-1981 à  6 529 200 élèves en 2002-2003, soit une diminution de 867 100 élèves. En revanche, depuis 2002-2003, les effectifs sont en hausse. Le premier degré scolarise, en 2007-2008, 115 900 élèves de plus qu’il y a  5 ans.

Dans ce contexte, est publiée une étude ministérielle analysant les performances en lecture, calcul et orthographe des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle (1987-2007) (2). En lecture, les résultats sont stables de 1987 à 1997 ; en revanche, on observe une baisse significative du score moyen des élèves entre 1997 et 2007, plus prononcée pour les élèves les plus faibles. Les inégalités sociales ont tendance à se creuser : la baisse constatée entre 1997 et 2007 n’a pas touché les enfants d’origine sociale favorisée (c’est-à-dire appartenant à une famille dont le chef est membre des cadres et professions intellectuelles supérieures). Ce résultat est « cohérent avec le fait que la diminution des performances en lecture concerne plus particulièrement les élèves les plus fragiles ».

Concernant l’orthographe, la même dictée a été proposée aux élèves de 1987 et de 2007, à partir d’un texte d’une dizaine de lignes (85 mots et signes de ponctuation). Le nombre d’erreurs, essentiellement grammaticales, a significativement augmenté de 1987 à 2007. Le pourcentage d’élèves faisant plus de quinze erreurs était de 26 % en 1987, aujourd’hui, il est de 46 %. De la même façon que pour la lecture, mais dans une moindre mesure en dictée, l’augmentation du nombre d’erreurs est moins marquée pour les enfants d’origine sociale favorisée.

La situation est différente en calcul : une baisse importante des performances est observée de 1987 à 1999 ; puis, de 1999 à 2007, les résultats stagnent. La chute des résultats moyens de 1987 à 1999 est générale, elle a touché toutes les catégories sociales, « ce qui laisse supposer un effet principalement lié à l’apprentissage scolaire ».

Ces résultats confirment ceux des récentes évaluations internationales PIRLS et PISA qui montrent une augmentation du nombre d’élèves en difficulté dans le système éducatif français. Cette évolution préoccupante pourra t-elle être contrariée par l’allègement considérable du temps de travail des professeurs des écoles (depuis la rentrée 2008, ils n’enseignent qu’un peu plus de 140 jours/année scolaire), les mesures de soutien scolaire pour les élèves en difficulté - mises en place le plus souvent entre midi et quatorze heures - et une diminution importante de l’encadrement pédagogique ?

(1) DEPP-MEN. (2008). Repères et références statistiques sur les enseignements et la formation, édition 2008, p. 72-73.
(2) Rocher, T. (2008). Lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle 1987-2007. Note d’Information, n° 08.38.