La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) a fait réaliser une étude sur la place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires*. Une trentaine de manuels ont été soumis à une analyse, les matières observées étant l’éducation civique, l’histoi […]

La chronique d'Yveline Jaboin : Juillet 2009 - Les stéréotypes et les discrimations dans les manuels scolaires

Publiée le 01 septembre 2009 dans la catégorie Archives


La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) a fait réaliser une étude sur la place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires*. Une trentaine de manuels ont été soumis à une analyse, les matières observées étant l’éducation civique, l’histoire-géographie, les sciences économiques et sociales (SES), le français, l’anglais, les sciences de la vie et de la terre, et les mathématiques. Complétant cette analyse, une enquête auprès des enseignants et des élèves a permis de rendre compte de leurs perceptions respectives des discriminations dans les manuels qu’ils utilisent. Les critères retenus pour l’étude des stéréotypes sont le sexe, l’origine, l’âge, le handicap et l’orientation sexuelle.

Globalement, l’étude relève la présence de stéréotypes dans les manuels scolaires quelles que soient les disciplines enseignées. Dans les manuels d’éducation civique, la discrimination n’est pas toujours présentée comme un délit grave et pénalement puni.

L’image des femmes est toujours moins valorisée que celle des hommes : elles sont moins présentes et moins représentées dans des positions professionnelles « supérieures », ce qui ne semble pas toujours perçu par les enseignants. Plus de la moitié estime que les manuels n’offrent pas une position réellement dévalorisante aux femmes même s’ils identifient quelques stéréotypes : ils remarquent qu’elles sont montrées comme « femmes de ménage », souvent dans des « petits métiers dévalorisés », qu’elles sont qualifiées de « fragiles ou soumises », « gentilles » ou qu’elles peuvent être représentées comme « objets du désir masculin ».

Les personnes d’origine étrangère sont souvent montrées dans des situations dévalorisantes et/ou de pauvreté. Certains enseignants remarquent une évolution positive tout en relevant également l’accent mis sur la pauvreté dans les photos des enfants de la rue ou de paysans traditionnels en l’Afrique et au Maghreb.

Les représentations des seniors sont systématiquement négatives. Ils sont souvent associés à des représentations liées à la maladie et à la dégénérescence du corps.  Ces images négatives ne sont pas contrebalancées par des images positives permettant par exemple de valoriser leur expérience, leur rôle citoyen, associatif, bénévole ou encore familial. Les observations des enseignants vont dans le même sens : ils relèvent la représentation des seniors dans des situations dévalorisantes « impotents », « malades », « clubs du 3è âge », ou dans des activités comme le ramassage de champignons, ou la vente sur un marché.

Le handicap est rarement évoqué. Quand il l’est, les enseignants signalent seulement trois types de handicap présents dans les manuels : le handicap moteur, le handicap visuel et la déficience intellectuelle.

Enfin, l’impasse est faite sur l’orientation sexuelle. Sur les 3097 illustrations analysées, une seule photo prise lors de la Gay Pride à Paris ouvre un chapitre sur la diversification des objets et formes de l’action collective dans un manuel de terminale SES !

Au total, les manuels scolaires participent donc à installer ou à conforter chez les élèves un état d’esprit propice aux discriminations. L’évolution des mentalités serait sans doute plus rapide si la prévention des discriminations figurait dans tous les programmes - de l’école maternelle au lycée - et en écho dans les manuels scolaires, et si les enseignants y étaient davantage sensibilisés par une formation spécifique. 

* L’étude est disponible sur le site de la Halde : www.halde.fr

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