Aujourd’hui, la lutte contre les discriminations est une priorité du ministère de l’Education nationale qui postule que, par l’éducation, on fera reculer toutes les formes de violence discriminatoire. Or, tout d’abord, il faut identifier ce que l’on entend par dis […]

La chronique d'Yveline Jaboin : La lutte contre les discriminations à l'école

Publiée le 01 décembre 2010 dans la catégorie Archives

  



    Aujourd’hui, la lutte contre les discriminations est une priorité du ministère de l’Education nationale qui postule que, par l’éducation, on fera reculer toutes les formes de violence discriminatoire. Or, tout d’abord, il faut identifier ce que l’on entend par discrimination car le terme recouvre des réalités très diverses. On peut opérer une discrimination directe en distinguant les individus en raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur orientation sexuelle, etc. On peut également opérer une discrimination indirecte en exigeant par exemple un diplôme obtenu en France ou dans un pays européen pour se porter candidat à un emploi public ce qui exclut les titulaires d’un diplôme de niveau équivalent obtenu hors de l’Union européenne. Enfin, on peut opérer une discrimination systémique : par exemple, le sexe et/ou l’origine sociale peuvent avoir des incidences sur les parcours scolaires des élèves en produisant des inégalités de traitement, sans qu’à la base, il y ait eu une volonté délibérée de discriminer.  
    À l’école, comme dans le reste de la société, la première source de discrimination résulte des préjugés, des stéréotypes, des idées toutes faites, ancrés dans les inconscients collectifs du côté des élèves comme du côté des adultes les encadrant. Ces représentations peuvent d’ailleurs être confortées par des stéréotypes véhiculés dans les manuels scolaires. Le poids des stéréotypes se remarque également dans les orientations scolaires, ce qui conduit à une division sexuée des savoirs, des filières, puis à des métiers estampillés « féminins » ou « masculins ». 
    Par ailleurs, dans l’institution scolaire, le « vivre ensemble » se détériore et s’y expriment certaines dérives identitaires : le sexisme, l’homophobie, le racisme ou encore la xénophobie. Les propos racistes, homophobes ont tendance à se banaliser, la question de l’orientation sexuelle étant un « sujet sensible », encore plus difficile à traiter que le handicap. Néanmoins, ce dernier est encore tabou, on craint de l’aborder et il génère parfois des peurs, même si la loi du 11 février 2005 donne une orientation nouvelle à sa prise en compte dans l’institution scolaire. 
    L’acquisition des valeurs d’égalité, de respect d’autrui dans sa diversité, de refus de toutes formes de discrimination constitue le creuset des enseignements à l’école. Mais, bien souvent, face au sexisme, à l’homophobie, au racisme, à la xénophobie ou au handicap, les enseignants se sentent démunis et/ou mal ou pas formés et ils peuvent être freinés dans leur action par les réactions des élèves et de leurs parents. Un récent rapport ministériel* propose des pistes de travail qui pourraient étayer l’action de l’institution scolaire contre les discriminations. 
    Ainsi, un premier pas dans cette direction serait d’exiger, en formation initiale, que les maquettes des masters conduisant aux métiers de l’enseignement comportent une formation à la lutte contre toutes les formes de discrimination. À leur entrée dans le métier, les professionnels auraient alors la possibilité de savoir prévenir, identifier et agir face aux situations de discrimination dans leurs pratiques quotidiennes, au sein de la classe et dans le cadre de la vie scolaire.

* Discriminations à l’école. Rapport relatif aux auditions sur les discriminations en milieu scolaire remis au ministre de l’Education nationale, porte-parole du gouvernement le 22 septembre 2010. 
 

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