La chronique d'Yveline Jaboin : Le travail en équipe pédagogique

Dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’enseignement et de rendre le système éducatif plus efficace, le travail en équipe est présenté comme une des mesures indispensables permettant d’apporter des solutions aux problèmes d’enseignement se posant à l’échelon local. Actuellement, le travail en équipe s’élabore souvent à partir d’une démarche de type « projet » nécessitant la mobilisation des enseignants pour une période donnée en fonction de leurs compétences. Or, une conception du métier valorisant l’individualisme d’une part, des conditions d’exercice organisées avec un professeur, une classe, une heure de cours d’autre part, ne semblent pas favoriser la collaboration. Une structure plus souple renforçant l’interdépendance des enseignant-e-s – variable selon le contexte organisationnel – paraît plus compatible avec le travail en équipe (Letor, 2010).

Le rapport de la Cour des comptes (2) va également dans ce sens lorsqu’il montre l’urgence d’accorder le service des enseignants à la diversité de leurs missions, notamment dans le second degré. Dans le premier degré, les obligations réglementaires de service intègrent des missions connexes à la transmission des connaissances, donc des temps de concertation. Le service des enseignants est de 27 heures hebdomadaires, comportant 24 heures d’enseignement en classe et 3 heures, en moyenne annuelle, pour l’aide personnalisée aux élèves en difficulté, les travaux en équipes pédagogiques, les relations avec les parents, la formation et la participation aux conseils d’école. En revanche, dans le second degré, l’injonction à travailler en équipe se limite à une invitation. Les obligations réglementaires de service des enseignants du second degré sont définies par un nombre hebdomadaire d’heures d’enseignement variant selon le statut de l’enseignant (18 heures pour les professeurs certifiés et les professeurs de lycée professionnel et de 15 heures pour les professeurs agrégés). Ainsi, le travail en équipe, mais « également l’accompagnement personnalisé des élèves, le conseil en orientation, et plus généralement toutes les activités qui rendent possible la transmission des connaissances à un public hétérogène d’élèves, sont actuellement exclues de la définition réglementaire du service des enseignants du second degré » (p.79). Or, d’une part, d’après le code de l’éducation, la responsabilité de l’enseignant couvre toutes les activités scolaires des élèves et son travail s’effectue au sein d’une équipe pédagogique. D’autre part, une circulaire du ministère de l’Education nationale du 23 mai 1997 définit les trois volets de la mission de l’enseignant dans le second degré : instruire les élèves, les éduquer et les former en vue de leur insertion sociale et professionnelle. Selon la Cour des comptes, il est fondamental de donner une place centrale à l’équipe enseignante dans les écoles, collèges et lycées pour mettre en place une « régulation par la performance du système scolaire ». Le travail collaboratif apporte, en principe, une valeur ajoutée aux pratiques professionnelles, notamment en termes de cohérence, de réflexion, de remise en cause, d’innovations, et de modalités d’évaluations des élèves. De plus, les travaux de Caroline Letor (2010) montrent qu’il peut également être source de plaisir, de développement professionnel pour chaque enseignant, ainsi que de développement de compétences collectives au sein de l'établissement.   

Letor Caroline (2010). Comment travailler en équipe au sein des établissements scolaires. Bruxelles : de Boeck.
Cour des comptes. L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves – mai 2010 (www.ccomptes.fr)