La chronique d'Yveline Jaboin : Mai 2008 - Le système éducatif : quelles évolutions et quelle école pour demain ?

Rendre compte des évolutions du système éducatif depuis cinquante ans et proposer une école pour demain, c’est à cette tâche que s’est attelé Gabriel Langouët*. Son ouvrage, emprunt d’une grande rigueur et de la force d’un parcours personnel et professionnel au service de la sociologie de l’éducation et centré sur la recherche d’une meilleure démocratisation du système éducatif français, est original à plus d’un titre.
D’une part, c’est une synthèse d’envergure : les évolutions du système éducatif sont retracées sur une longue période, à partir d’un texte clair fournissant les données statistiques essentielles et indispensables à la compréhension, ce qui permet une réflexion approfondie et une mise en perspective :  le système éducatif français a évolué de façon irrégulière durant ces 50 dernières années, « il s'est nettement massifié, et ''démographisé'', voire démocratisé durant certaines périodes. Mais, il stagne pourtant depuis 1995 tandis que d’autres pays modernes poursuivent leur progression » … « Il ''peut mieux faire'' et ''doit mieux faire'' ».
D’autre part, dans sa forme : Gabriel Langouët retrace ces évolutions en mettant en regard son propre parcours, son activité professionnelle en tant qu’enseignant et chercheur recouvrant la période allant des années 1950 aux années 2000.  Son « histoire de vie » apporte donc un éclairage particulier qui complète judicieusement les évolutions retracées, rendant de plus la lecture de l’ouvrage très agréable.
Enfin, dans sa structure :  le corps de l’ouvrage de Gabriel Langouët examine successivement quatre périodes (le gaullisme, la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, la période François Mitterrand, puis celle de Jacques Chirac). Pour ces quatre périodes, un bilan rigoureux des évolutions du système éducatif est dressé en même temps que sont présentés l’état de la recherche et l’évolution des problématiques de recherche en sociologie pour la période considérée.
Après avoir identifié les réussites et les problèmes se posant au système éducatif français aujourd’hui, Gabriel Langouët propose de mener une lutte « sans merci » sur deux fronts essentiels : l’exclusion sociale et l’accès aux enseignements supérieurs. Seul un consensus national sur le rôle dévolu à l’école, exprimé par la conjugaison d’une volonté politique et d’une volonté pédagogique «fortes, soutenues et pérennes», pourrait permettre de «vaincre l’échec scolaire et l'illettrisme, d’éviter les sorties sans formation ou sans diplôme et de multiplier les offres de seconde chance et de ‘'droit au retour'’» d’un côté, « d’augmenter les chances d’accéder aux enseignements supérieurs pour les porter au meilleur niveau international, d’égaliser les moyens attribués aux divers secteurs et de développer les enseignements universitaires en les professionnalisant » de l’autre côté.
D’un point de vue pédagogique, cet ouvrage – inédit dans son objet et sa conception - comble un grand vide. Il est un outil précieux et indispensable pour les candidats au professorat  des premier et second degrés ainsi que pour leurs formateurs.
 
* Langouët, G. Cinquante ans d’école, et demain ? Paris, Fabert, 2008.