La chronique d'Yveline Jaboin : Mars 2008 - Le recrutement des enseignants : propositions du rapport Pochard

Le « livre vert sur l’évolution du métier d’enseignant », fruit du travail de la commission présidée par Marcel Pochard, conseiller d’Etat, a été remis au ministre de l’Education nationale fin janvier. Entre autres propositions, ce document demande une révision de la procédure de recrutement des enseignants. Puisque « 135 000 enseignants partiront à la retraite d’ici 2012… l’occasion doit être saisie pour se pencher sur les profils professionnels que l’on souhaite former et recruter ».

Un constat est dressé mettant en exergue les points suivants :
- les concours de recrutement sont perfectibles
- les IUFM (Instituts Universitaires de  Formation des Maîtres) n’ont pas réussi à assurer une formation professionnelle satisfaisante
- les recrutements ne sont pas assez diversifiés ni ouverts à de nouveaux viviers sociaux et professionnels

À partir de ces trois constats, deux scénarios d’évolution sont avancés. L’un propose « des changements modérés, l’autre une transformation radicale ». Le premier scénario maintient le système des concours en le faisant évoluer, « le second abandonne le système actuel et distingue diplôme et recrutement » en adoptant le modèle de la plupart des pays européens.
Dans le cas du maintien du système actuel des concours, l’évolution porterait sur la simplification des épreuves des concours, le regroupement des concours de l’enseignement technologique et professionnel (CAPET et CAPLP) et le développement de la bivalence dans le second degré, à l’instar de ce qui se fait dans de nombreux pays européens. Dans le deuxième cas, il s’agit de « jouer sur l’articulation entre recrutement et formation » en professionnalisant les épreuves des concours nationaux et en organisant un concours national centré sur les compétences disciplinaires, suivi de deux années de formation pratique en alternance.
Enfin, dans le second degré, le recrutement se ferait, à l’image de ce qui a lieu dans le premier degré, à partir de concours nationaux à affectation académique : le nombre de postes ouvert par disciplines serait fixé « avec l’administration centrale, à partir d’analyses académiques et pour respecter les plafonds d’emplois … mais les concours seraient organisés sur des viviers nationaux, en quelque sorte pour le compte des académies ». La carrière des enseignants du secondaire en serait donc bouleversée puisque l’entrée dans le métier pourrait être assurée « en restant dans le même établissement, devenu un véritable ‘établissement de formation et d’application’ ».
Quelle évolution retiendra le ministre de l’Education nationale ? Comment sera t-elle accueillie par les enseignants et par l’ensemble du corps social ? Il est sûr que, si des décisions sont prises dans le sens des pistes évoquées ci-dessus, le corps enseignant et la condition enseignante en seront profondément modifiées, par conséquent, le système éducatif en France.

Pour de plus amples informations : Le « Livre vert sur l’évolution du métier d’enseignant ». www. education.gouv.fr.