Depuis plus de vingt ans, Internet révolutionne nos vies en réaménageant nos modalités d’être présent au monde, de communiquer, de créer des relations, de travailler, de se rencontrer. L’écran connecté ouvre un monde qui apparaît décomplexé, sans limite, un monde où la censure peut parfois être levée, laissant apparaître le penchant agressif de l’homme.

Le harcèlement virtuel par Angélique Gozlan

Publiée le 26 août 2020 dans la catégorie Nouveautés FABERT

EXTRAIT

Depuis plus de vingt ans, Internet révolutionne nos vies en réaménageant nos modalités d’être présent au monde, de communiquer, de créer des relations, de travailler, de se rencontrer. L’écran connecté ouvre un monde qui apparaît décomplexé, sans limite, un monde où la censure peut parfois être levée, laissant apparaître le penchant agressif de l’homme.
Il ne s’agit pas de dénoncer Internet et les espaces vir-tuels numériques comme déclencheurs, voire créateurs, de la violence. La violence, et avec elle l’agressivité des hommes, a toujours existé, quelles que soient les époques. Les outils numériques connectés ne sont dès lors qu’un énième catalyseur de cette violence humaine.
Dans cette perspective, le harcèlement n’est pas un phé-nomène nouveau. Ce qui est nouveau,  c’est la modalité d’expression de ce harcèlement, qui passe désormais par les nouvelles technologies. Celles-ci en modifient le champ d’action en termes spatio-temporel et de médias utilisés, mais aussi les actions en elles-mêmes. Les conséquences quant à elles sont quasiment identiques au harcèlement classique.
La notion même de harcèlement est récente et apparaît dans les années 70 pour les enfants et les adolescents, à travers la violence en milieu scolaire, sous l’expression anglaise school bullying. «  Bullying  », ne trouvant pas de traduction satisfaisante en Europe, est traduit le plus souvent par harcèlement. Mais l’intérêt du néologisme anglais est qu’il contracte la dimension de l’agresseur (bully, la brute) et celle de la victime (bullied, l’intimidé), mettant ainsi en relief le continuum existant entre la vic-time et l’agresseur. Depuis une vingtaine d’années, les recherches se portent sur le cyberharcèlement, ou har-cèlement virtuel.
Ce phénomène désigne une des formes de cyberviolence, à savoir une violence se déployant sur les outils numériques et utilisant les fonctionnalités de ces outils (interaction négative, atteinte à la vie privée, utili-sation frauduleuse de données personnelles, usurpation d’identité, etc.) Il est décrit comme n’importe quel com-portement d’individus ou de groupes utilisant les médias numériques connectés qui communiquent de façon répétée des messages hostiles, agressifs, humiliants, dans le but d’infliger des déconvenues, des souffrances à un autre, voire de le détruire. Il me paraît essentiel de dès à présent pointer que malgré l’apposition du terme virtuel ou cyber à celui de harcèlement, cette forme de violence est bien réelle  : toute personne touchée par le harcèlement virtuel est une personne réelle, avec des sen-timents réels, avec un corps réel, avec des émotions, des pensées, une vie sociale, une famille réelle ; tout acteur du harcèlement virtuel (harceleur, témoin) est également une personne réelle. N’oublions jamais que, comme le disait G. Deleuze, « le virtuel a une pleine réalité ».

Le harcèlement virtuel, par Angélique Gozlan, 4.95 €, 64 pages. En vente en librairie.

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