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Mai 2010 : L’Ecole et l’ennui

Tout à fait exceptionnel dans les années, l’absentéisme est devenu au début des années 2000 un phénomène qui à pris peu à peu des proportions inquiétantes, pour en arriver à la situation que l'on connaît aujourd'hui... La dernière note d'information du ministère relative à l'année 2007-2008 fait état de 7% […]

Mai 2010 : L’Ecole et l’ennui

Publiée le 30 septembre 2009 dans la catégorie Archives


Tout à fait exceptionnel dans les années, l’absentéisme est devenu au début des années 2000 un phénomène qui à pris peu à peu des proportions inquiétantes, pour en arriver à la situation que l'on connaît aujourd'hui... La dernière note d'information du ministère relative à l'année 2007-2008 fait état de 7% d’élèves absents, tous mois et types d’établissement confondus.

En 1999, on estimait que le nombre d’élèves de 6 à 16 ans coutumiers du fait s’élevait à 1 % . Actuellement, il se situe à moins de 3 % des élèves dans la plupart des établissements, mais atteindrait 30 % dans un établissement sur dix (contre 17 % en 2003). 

« Vous sentez-vous bien en classe ? »

C'est une question qui avait été posée aux jeunes de 41 pays lors d'une enquête de l'OCDE en 2006. Seuls 45% des élèves français avaient répondu oui, contre 81% en moyenne dans les pays membres.  A 11 ans, 40,6% des filles et 28,5% des garçons disaient beaucoup aimer l'école, à 15 ans, les chiffres chutaient respectivement à 12,8% et 10,6%. Et le malaise n'a fait que s'amplifier au cours de ces dernières années. Il est à noter que, si l'absentéisme concerne à plus de 80 % les jeunes en difficulté, il touche aussi désormais les bons élèves.

Un mot revient sur toutes les lèvres : ENNUI…

On le sait, l’ennui naît du désintérêt, du manque de motivation, de la contrainte de faire quelque chose qu’on n’aime pas.

L'ennui en classe a toujours existé, il était ''autrefois'' supporté par les élèves du fait des codes de conduite établis auparavant : règles d'éducation et de comportement, pression familiale... et surtout, respect de l’Ecole et des études qui étaient la promesse d'une vie meilleure, la garantie d'un bon parcours professionnel. Y accéder était une chance, alors l'ennui des cours, on faisait avec !

Aujourd'hui, ces codes ont totalement changé et les élèves n’hésitent pas à déclarer haut et fort qu’en classe ils s’ennuient à mourir. Et tout y passe : la qualité d’enseignement de leurs professeurs, les journées trop longues, les programmes dont ils ne voient pas l’intérêt…Ils ont le sentiment qu’avec internet ils peuvent tout apprendre eux-mêmes, que l’école ne leur apporte rien, ne les prépare pas au monde du travail. Pire, elle a pris pour beaucoup l'aspect de quelque chose de totalement inutile : obtenir un diplôme ? Pourquoi faire puisqu'il ne débouchera pas sur un emploi !

A partir de là, pour quelle raison resteraient-ils en classe assis des heures à subir ''le ronron'' du prof debout en face d'eux alors que leurs centres d'intérêts sont ailleurs, bien au-delà des grilles du collège ou du lycée ! 

Lorsqu’on les interroge sur les causes de leur ennui, ce sont les professeurs qu’ils mettent en cause avant tout autre chose. Par conséquent, la solution à leur ennui doit donc venir d’eux !


Qu’attendent-ils de leur professeurs ?

En premier lieu, les élèves attendent d'un enseignant qu'il soit à leur écoute et qu’il se soucie d'eux. Il doit les encourager et les motiver en sachant ''communiquer’’ et en se montrant enthousiaste dans ses cours de manière à leur faire aimer sa matière. 
Les cours justement : l’enseignant doit les préparer (ça alors !) et ses méthodes pédagogiques doivent être attrayantes, inventives, créatives. Ils ne veulent pas de cours magistraux qui leur imposent une attitude passive, mais  ''quelque chose de rythmé, de vivant'' avec ''des échanges''. Certains élèves ont l'impression de stagner dans une matière, que le prof ''met des heures à expliquer un truc qui mériterait 5 minutes'', de ne pas progresser, d’où le désintérêt et donc l’ennui.
Une personnalité : le prof doit avoir du charisme, de la présence, s’imposer de lui-même, il doit être une sorte de modèle auquel ils ont envie de s’identifier : rien de pire, disent-ils, que ''de voir entrer un prof qui traîne des pieds… On sait d’avance que le cours va être nul''. Il doit avoir le sens de l’humour, très important l’humour ! mais en aucun cas à leurs dépends sinon ce n’est plus de l’humour mais de l’humiliation (attention à la frontière !).

L'enseignement lui-même est ennuyeux !

Les élèves avouent avoir souvent du mal à faire la relation entre les notions expliquées dans un cours et la '''vie réelle''. Ils ont besoin d'exemples tirés du quotidien pour comprendre le véritable intérêt de ce qu'on leur enseigne. Il est beaucoup plus facile d’appréhender l’économie à travers des articles de la presse quotidienne que dans un manuel scolaire.
Ils déplorent des cours trop théoriques, jugeant la pratique plus intéressante et surtout bien plus formatrice. Ils ont le sentiment que les programmes du lycée ne les préparent pas au monde du travail…. Dans l’unique optique du sacro-saint BAC à décrocher, ils ont l'impression ''qu'on leur bourre la tête de trucs inutiles'' , ceci dans une quantité de domaines mais qu’ils ne parviennent pas à en maîtriser un correctement.
Les thèmes abordés dans certaines matières ne sont pas assez actuels à leurs yeux, ils ne les touchent pas, ne les concerne pas car beaucoup trop loin de leurs préoccupations du moment. S'ils aiment lire ? Oui, mais pas ce qu'on leur impose en classe. 

Des rythmes scolaires à repenser…

On ne reviendra pas sur le sujet : les rythmes scolaires français sont aujourd’hui totalement inadaptés. Il est à souhaiter que les concertations et projets en cours sur le sujet aboutissent à des solutions satisfaisantes pour tous.
En attendant, la longueur et la monotonie des journées de classes reviennent régulièrement dans le discours des élèves, ils décrivent cette impression écrasante de répétitivité et se plaignent du trop grand nombre d’heures. La classe revêt alors l’aspect d’une cage dans laquelle ils sont enfermés et faisant naître en eux une seule envie : s’en échapper ! Alors oui, même si on ne peut parler d’absentéisme grave,  les bons élèves se mettent eux-aussi à sécher les cours.

En conclusion, même s’ils sont conscients de devoir fournir un ''certain effort'', les élèves attendent de leurs professeurs qu’ils soient de bons animateurs et qu’ils les laissent s’exprimer. Ils souhaitent des programmes plus en adéquation avec leur vision de la vie courante et enfin, que la classe soit un endroit où l’on passe un agréable moment, sans trop de contrainte ni ''prise de tête''.

Caroline Proust

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