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Actualités : De l'anglais en maternelle... En voilà une idée !

   Lors de la présentation de son plan de prévention de l'illettrisme en mars 2010, Luc Chatel avait souligné l’importance du rôle que joue la maternelle dans sa préparation des jeunes enfants à l’entrée en Cours Préparatoire. Il avait alors insisté sur l’acquisition d’un vocabulaire suffisant pou […]

Actualités : De l'anglais en maternelle... En voilà une idée !

Publiée le 31 janvier 2011 dans la catégorie Archives

  
Lors de la présentation de son plan de prévention de l'illettrisme en mars 2010, Luc Chatel avait souligné l’importance du rôle que joue la maternelle dans sa préparation des jeunes enfants à l’entrée en Cours Préparatoire. Il avait alors insisté sur l’acquisition d’un vocabulaire suffisant pour qu’ils abordent le primaire et l’apprentissage de la lecture sans handicap.
   Tandis que les enseignants, confrontés au manque de vocabulaire croissant de la plupart de leurs élèves, se débattent pour tenter d’y remédier au mieux, voilà que notre Ministre vient d’annoncer sa volonté d’introduire l’anglais dès 3 ans… Est-ce bien raisonnable ?

   Sur le principe l’idée est séduisante : c’est bien connu, « plus on apprend une langue jeune, plus c’est facile » !

   Dans son ouvrage "L'école et les langues" Gaëlle Pério prône l'apprentissage des langues dès le plus jeune âge : « Régulièrement trempé dans un bain linguistique, explique t-elle, l'enfant exerce son oreille à la prosodie de la langue et à sa tonalité. Il accède à des automatismes, à une familiarité dans la compréhension comme à une spontanéité dans l'expression ».  Mais elle souligne la nécessité que l’enfant ait par ailleurs de bonnes bases dans la langue courante, le français en l’occurrence, et pose aussi un certain nombre de conditions pour des retombées bénéfiques.
    D’abord, il faut bien comprendre que, pour un enfant, apprendre une langue qu’il ne pratique pas en dehors de l'école n'a aucun sens ! De ce fait, il est important qu’il rencontre des gens qui la parlent afin qu’il prenne conscience de son utilité pour pouvoir communiquer avec eux.
   Elle insiste aussi sur le rôle des parents qui doivent nourrir son envie d'apprendre cette autre langue, en assurant la continuité au-delà des heures de classe : regarder ensemble des dessins animés en VO, l’abonner à des magazines en anglais et les lire avec lui…
   Enfin, dans la mesure du possible, elle conseille de favoriser des séjours dans les pays concernés pour que l’enfant n’ait d’autre choix que celui de s’exprimer afin d’être compris.
   Sans ce minimum de soutien à la maison, pas la peine d’imaginer faire de nos enfants des petits bilingues, passant avec aisance de l’anglais au français !  
   Les écoles bilingues sont évidemment les plus qualifiées pour ce type d’apprentissage précoce. L’anglais y est enseigné par des intervenants dont c’est langue maternelle et la plupart du temps, une parité horaire est instaurée : l’enfant, évoluant de surcroît dans des classes à effectifs réduits, peut donc réellement s’imprégner de l’anglais.

   Pour le coup, l’idée de Monsieur Chatel devient presque saugrenue ! Comment aborder l’anglais en petite section de maternelle, quand, pour une partie des élèves, le français est déjà une seconde langue à peine (ou mal) maîtrisée ? Comment imaginer y consacrer du temps lorsque le niveau de vocabulaire des enfants issus de zones défavorisées se situe bien en-dessous du niveau attendu ? Et comment compter sur les parents pour « assurer la continuité » à la maison quand 49 % des français avouent ne parler aucune langue étrangère ?
   Enfin, comment prétendre enseigner l’anglais à des petits de 3 ans via les nouvelles technologies, lorsqu’on sait le manque général d’équipement dans les écoles et les difficultés rencontrées par les enseignants pour les intégrer ?

Caroline Proust

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