Depuis près d’une vingtaine d’années, la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance), sous la direction du ministère de l’Education nationale, conduit régulièrement des enquêtes auprès des enseignants du second degré afin de mieux connaître leurs visions et leurs  […]

La chronique d'Yveline Jaboin : Novembre 2009 - Une image des élèves qui semble se dégrader dans le second degré

Publiée le 01 décembre 2009 dans la catégorie Archives

 
Depuis près d’une vingtaine d’années, la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance), sous la direction du ministère de l’Education nationale, conduit régulièrement des enquêtes auprès des enseignants du second degré afin de mieux connaître leurs visions et leurs pratiques du métier. La dernière enquête, réalisée auprès de 1 200 professeurs des collèges et lycées publics interrogés en septembre-octobre 2008*, apporte, entre autres, quelques indications sur l’image qu’ont les enseignants de leurs élèves.

Tout d’abord, sur le plan des attitudes, un peu plus de la moitié des enseignants déclare que la plupart de leurs élèves travaillent pour passer dans la classe supérieure et réussir aux examens. Selon les professeurs, l’intérêt des élèves vis-à-vis de la discipline enseignée semble modeste : seulement « un tiers des enseignants déclare que la plupart de leurs élèves s’intéressent à leur discipline et à ses objectifs intellectuels et formateurs ». La plupart des élèves travailleraient donc essentiellement dans un objectif pragmatique sans s’intéresser réellement à la discipline enseignée. La motivation des élèves serait relativement défaillante : pour plus d’1 professeur sur 10,  la plupart des élèves ne s’intéresse pas aux cours qu’il dispense et près de 3 enseignants sur 10 déplorent leur passivité.
La perception des élèves par les enseignants apparaît logiquement influencée par les conditions d’exercice. Les professeurs exerçant dans les établissements classés RAR (Réseau Ambition Réussite), en lycée professionnel et les enseignants récemment entrés dans le métier -plus souvent en poste dans des établissements « difficiles » que leurs aînés - perçoivent le plus négativement leurs élèves à la fois sur le plan du comportement en classe, de l’intérêt pour la discipline enseignée et du niveau scolaire.

Lorsqu’on interroge les professeurs sur les principales difficultés qu’ils rencontrent avec leurs élèves, le manque de travail personnel des élèves apparaît comme la difficulté majeure. Le niveau scolaire arrive ensuite suivi de la difficulté à gérer des classes hétérogènes et du manque de motivation des élèves.
Pour une  part non négligeable des enseignants, les problèmes familiaux rencontrés par les élèves dans leur vie quotidienne (familles désunies, etc.) seraient également à prendre en compte dans leurs difficultés scolaires. Le désintérêt des familles vis-à-vis de la scolarité de leurs enfants se répercuterait également sur la motivation de ces derniers pour le travail scolaire. À cela s’ajouteraient des difficultés économiques et/ou des situations de chômage parentales, la difficulté à travailler correctement à la maison et l’impossibilité des parents à aider leurs enfants.

Au total, ces constats peuvent paraître un peu inquiétants. Par rapport aux enquêtes antérieures, on observerait une certaine dégradation de l’image des élèves avec une attribution partielle de leurs difficultés scolaires aux problèmes familiaux et sociaux rencontrés en dehors des établissements scolaires. Le métier apparaîtrait morcelé puisque la quasi totalité des enseignants (93%) estime ne pas exercer la même profession selon la situation professionnelle, le type d’établissement, le recrutement social et l’âge des élèves.

* Esquieu, N. Enseigner en collège et lycée en 2008. Les dossiers, n° 194, oct. 2009 (Enquête réalisée par Patricia Gambert et Jacques Bonneau, TMO-Régions à la demande de la DEPP).

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